salut
Des fantasmagories orientalistes de l'époque napoléonienne au discours "national populiste" actuel, l'islam n'a cessé de cristalliser les fascinations et les peurs les plus irraisonnées.
En fait tout a commencé avec les croisades. C'est à ce moment que l'on a commencé à qualifier de violent le musulman. En dehors de ces épisodes d'affrontement, de construction de l'Europe face à l'empire ottoman, la période de domination coloniale a, elle aussi, figé la vision occidentale de l'islam, considéré comme la religion des pauvres, des dominés et comme un levier majeur de la contestation.
Même si l'on tient compte des contraintes auxquelles font face les journalistes, on est bien obligé de constater que les médias, en général, présentent une image négative et combien préjudiciable de l'islam et des musulmans, une information déficiente, tronquée, volontairement ou involontairement tendancieuse, à trois niveaux : importance que les médias accordent à l'islam, type de traitement et préjugés qu'ils véhiculent.
Ce qui frappe, c'est le peu d'intérêt que les médias accordent au monde musulman. Ils parlent beaucoup de terrorisme et d'intégrisme qu'ils associent volontiers à l'islam, mais l'opinion publique occidental est celle qui est probablement la moins informée, et sur l'islam et sur le terrorisme. Il existe aujourd'hui un « islam médiatique » qui fait peur aux Occidentaux et qui accable tous les musulmans.
Ce qui frappe, au niveau du traitement de l'information sur l'islam, c'est son caractère sensationnaliste. Pour vendre l'islam au public occidental, les médias choisissent des titres et des images qui accrochent, qui marquent.
En fait,les journalistes n'échappent guère aux lois générales qui régissent le fonctionnement de tous les groupes sociaux. Et ils ne manquent pas de rappeler, en guise d'excuse et pour clore avant même de l'ouvrir tout débat sur les pratiques journalistiques, que "la presse n'est que le reflet de la société. Une telle attitude occulte un problème spécifique qui est posé aujourd'hui par le développement même des médias, à savoir le décalage grandissant entre, d'une part, le pouvoir objectif et collectif de ce groupe social - pouvoir de dire ce qui est important et ce qui ne l'est pas, pouvoir de construire une représentation de la réalité souvent plus "réelle", par ses effets, que la réalité elle-même, etc. - et, d'autre part, son intolérance voire son incapacité croissante à supporter la critique, le débat, la discussion, la mise à plat des problèmes inévitablement engendrés par la production de l'information. Obtenir aujourd'hui de faire passer des rectificatifs ou des droits de réponse dans les grands journaux d'information relève de l'exploit.
La morale a peu à voir avec l'information et, en tout cas, ne doit pas contrarier les ventes des journaux ou les carrières espérées par ceux qui les fabriquent. "Tu comprends, j'ai une femme et des gosses à nourrir", expliquait un journaliste, peu fier de l'article très critique qu'il venait de rédiger sur un livre dénonçant les connivences entre journalistes, tandis que tel autre, avec quelques regrets, reconnaissait que son indépendance d'esprit "lui avait coûté très cher".
Aujourd'hui les médias de masse n'hésitent pas à éviter l'information qui irait à l'encontre de leurs intérêts. Il ne faut pas oublier que les médias de masse sont d'abord et avant tout des entités commerciales.